Col du Grimsel depuis Martigny par Interlaken, 3766m, 256 km

Magnifique randonnée par monts et par vaux avec le col du Grimsel en point de mire.

Le col des Mosses comme mise en jambes aux premières heures du jour puis déjà une belle descente pour atterrir dans le cirque enchanteur de Château d'Oex. A peine le temps de capter toute la variété des tons de vert et des odeurs de foin et de bois qu'on arrive déjà en terre suisse-alémanique, Saanen. On peut ne pas adorer la langue, il se dégage des paysages traversés une organisation des couleurs et des contours médusante. Attention, si l initiative UDC est acceptée le 28 novembre, tout Romand qui viendrait troubler l'ordre des brins d'herbe dans ces prés se verrait manu militari renvoyé dans sa Suisse occidentale.

Bon on continue: la route monte un peu jusqu'à Saanenmöser mais c'est pour mieux plonger sur Zweisimmen.

Ensuite: longs faux-plats descendants jusqu'à Spiez. Une piste cyclable sympa longe le lac de Thun.

Un peu avant Interlaken vous apercevrez peut-être un de ces grands bateaux type CGN traverser les champs, non ce n'est pas une hallucination, il y a un canal qui passe par là et relie le lac de Thun au lac de Brienz. Attention, en vélo celui-ci est à longer par son versant nord; par le sud, c'est certainement plus beau et avec une piste cyclable mais c'est en montagne russe et non goudronné sur une bonne partie.

Ce jour-là, l'orage annoncé s'est présenté sous la forme d'un rideau d'eau qui tombait sur le lac, au loin. Mes deux compagnons de route et moi contemplions ce spectacle en buvant nonchalamment notre café sur une terrasse de Brienz lorsque nous réalisâmes que le rideau d'eau en question se rapprochait dangereusement, à la faveur d'un bon vent d'ouest. Profitant de ce même vent d'ouest, à fond les manettes dans la roue d'Oranger (prénom d'emprunt) qui nous avait rejoint en train à Spiez et avait donc encore des jambes cancellariennes, nous avons nargué l'orage jusqu'à Meiringen. Tel un peloton essoufflé il ne parvenait pas à rattraper les échappés. Après Meiringen, on a compris qu'il n'était pas essoufflé mais malin: il savait, lui, qu'en ces lieux, la route se redresse et qu'on n'allait pas tenir à ce rythme encore bien longtemps. Les premières gouttes se sont abattues sur nous au sommet de la petite côte avant Innertkirchen...

Le col du Grimsel c'est 1500 m de dénivellation pour 25 km. La vallée se resserre progressivement et on se trouve bientôt encerclé et dominé par des parois de granit gigantesques; pas de doute, on est au coeur des Alpes. Après Handegg, un tunnel s'évite par l'ancienne route. Plus haut on longe un premier barrage ce qui offre un petit répit bienvenu; plus haut encore, un deuxième: le Grimselsee. Il reste encore 250 m de dénivellation!

L'arrivée de l'assiette de spaghettis bolognaises sur la table du restaurant du col fait partie de ces moments de grâce qui nous font ressentir aussi intensément le fait d'être vivant que la descente qui s'ensuivit sous une pluie glacée jusqu'à Gletsch nous fait pressentir ce que seront les derniers instants avant de mourir.

Dommage car la route est large et le coup d'oeil sur le col de la Furka et le glacier du Rhône, pas piqué des vers.

La suite de la descente jusqu'à Brigue est également de toute beauté, elle fut le théâtre de relais impétueux de la part d'Oranger Cancellara et Jean-Claude Heureux.

Depuis Brigue, le retour jusqu à Martigny ferait une belle boucle de 330 km. Il faudra alors du vent de dos dans la vallée du Rhône!

A mon compteur, la dénivellation était de 3766m et non pas 4700 comme indiqué ci-dessous... ceci dit, il faut quand même aller les chercher!